L'Yonne Républicaine du mercredi 31 août 2011
Des neuf hameaux que compte la commune de Turny, il n'en reste qu'un dont l'histoire mérite d'être évoquée. C'est Linant.
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HISTORIQUE DE CERTAINS HAMEAUX |
De tous les villages de la commune Turny est, indiscutablement, le plus ancien.
Il est raisonnable de penser que l'apparition de tous ces hameaux dispersés dans la campagne a pour origine l'implantation puis le développement de l'agriculture dans ces zones. Les paysans s'établissaient là où ils cultivaient.
Ces hameaux que l'on peut qualifier, d'après leur profil, de "villages rues"(L'architecture rurale en Pays d'Othe - 89770 Chailley) sont de ce fait typiques des villages agricoles qui composent notre région.
Par ailleurs, trois facteurs complémentaires permettent de mieux comprendre que ces villages aient prospéré au cours des siècles.
- Facilité de trouver de l'eau dans le sous-sol sur la presque totalité du territoire (excepté Le Fays),
- Fertilité des sols sur tout le Sud du territoire à partir du Saudurand,
- La sécurité dans la campagne est le dernier facteur intervenu vers la fin du XVIIIème siècle.
Il est à noter cependant que ces généralités ne constituent pas l'unique explication sur l'origine de ces villages, car chacun d'entre eux possède aussi une histoire. La chronique d'un certain nombre d'entre eux peut être reconstituée.
A une altitude de 299 mètres sur le plateau de la forêt d'Othe, ce hameau du Fays domine toute la commune. Par temps clair, ce lieu privilégié qui n'a pourtant jamais été choisi par nos ancêtres pour la construction d'un château fortifié, permet de voir jusqu'à Brienon.
Le Fays doit son origine à la forêt d'Othe. Ce nom vient du terme "fayard" utilisé au XVIème siècle, du latin fageus, fagus signifiant "hêtre". En 1784, c’était un hameau important. Pour y accéder, il fallait emprunter la route qui passait par Le Luteau, hameau aujourd’hui disparu.
Autrefois, on désignait ce lieu comme étant celui où l'on trouve des hêtres.
Si l'absence de preuves interdit de situer la date d'origine de ce hameau, tout laisse à penser qu'il est très ancien. Les habitants exploitaient les bois de la communauté ainsi que ceux du seigneur comme l’indique l’arpenteur royal en 1784. La confirmation de cette exploitation de la forêt dans un passé récent- début du siècle- est démontrée par le travail d'écorçage du chêne (L'écorçage du chêne).
Dans ce hameau, il est très difficile de trouver de l'eau dans le sous-sol. Les puits publics avaient une profondeur de soixante mètres. Par ailleurs, il convient de noter que les sols environnants sont peu fertiles.
Enfin il faut remarquer la parfaite adaptation de l'élevage de la chèvre et du mouton dans cette localité.
Linant trouve l'origine de son nom dans le terme de "linon" usité au XVème siècle et désignant la culture du lin.
La culture du lin, pour ses huiles et pour le textile, tenait une place importante dans les environs et cela dès l'exploitation, par les Templiers, de la ferme située à Linant.
En effet, jusqu'au début du siècle il existait encore à Turny un silo à lin et à chanvre où s'effectuait le rouissage près du pont de Grès, désigné localement "les rouazes".
D’autre part, la Maison de SALLOT DE MONTACHER battait le lin au château des Varennes", (Bénony DURANTON - annuaire de le Yonne année 1854) ) ce qui permettait de faire de l'huile de lin à partir des graines.
Au XVIème siècle, il existait deux Linant. Le Haut Linant et le Bas Linant, connu aussi sous le nom de Greslier. Chaque Linant formait une seule et unique ferme. La ferme du Haut Linant se situait sur le lieu-dit la ferme de Linant (Voir lieu dit (Fl, VI).
La chapelle Sainte Catherine de Linant, sanctuaire catholique isolé dans la campagne à proximité des fermes des deux Linant a été, à l'origine, érigée pour les besoins de prières de ces Templiers. Elle était située dans l'angle que forment la rue Ste Catherine, la rue de l'Abreuvoir et le ruisseau de linant côté rue du Cognat.
Avant 1518, (1518 début de la construction de l'église de Turny), avec celles de Turny, et de L'hôpital, ces trois chapelles pouvaient rivaliser fièrement de leurs architectures qualitativement identiques.
La chapelle Sainte Catherine fut reconstruite et agrandie en 1570, vingt ans après que fut achevée l'église de Turny, devenant ainsi plus importante que la chapelle de L'hopital. Elle fut bénie en 1593.
« Jusqu'à la révolution » nous dit Bénony DURANTON , « le vicaire de Turny se rendait chaque dimanche et jour de fête célébrer la messe à la chapelle de Linant qui était devenue une véritable succursale de l'église paroissiale ». Cette chapelle fut détruite en 1793.(annuaire de l'yonne 1854 P.434 (1)
Bénony DURANTON nous indique qu'une nouvelle chapelle fut reconstruite sur le même lieu dans les années 1840 (annuaire de l'yonne 1854 P.434 (1) et délib du 9 août 1903) . Elle sera très peu utilisée au début du XXème siècle.
A l'origine de la mort accidentelle de Monsieur PAILLERY Désiré en raison du manque de visibilité, La chapelle de Linant fut détruite par délibérations du 9 août 1903 confirmée le 20 mars 1904
L'étude sur les Templiers et plus particulièrement de la commanderie de COULOURS confirme une origine très ancienne du hameau de L'Hopital
L'Hopital était en effet le lieu
ou se trouvait le Temple de Turny. Il en dépendait une chapelle, nommée
la chapelle de
Saint-Laurent, qui se trouvait entre la maison du Temple et le village.
C'est ce qui a fait appeler parfois la maison de Turny, la
Petite-Commanderie de Saint-Laurent.
Le fief de Turny appartenait aux
Templiers, dès le commencement du XIIIe siècle. Il comprenait alors les
moulins de Venesi, "Venizy, aujourd'hui (Yonne)" qui en formaient le principal revenu. Gérard de
Brienne, seigneur de Ramerupt, "dominus de Ramerici", eut plusieurs contestations avec les frères du
Temple, au sujet de leurs possessions de Turny. Les prieurs de
Sainte-Geneviève et de Saint-Eloi à Paris, choisis pour arbitres, mirent
fin à leurs débats par une transaction, laquelle porte la date du mois de
juin 1236. Dans cet acte, le sieur de Brienne abandonna aux Templiers les
cinq moulins bannaux de Venizy, situés à Lames, "entre
Venezi et Avolles" et s'interdit le droit d'en construire
d'autres depuis Turny jusqu'à Avrolles, "a Turniaco usque
ad Evrolam". II leur concéda en outre le droit d'usage dans les
bois de Saint-Pierre, pour les réparations de leurs moulins, la faculté
d'y prendre chaque jour une charretée de bois, pour les besoins de leur
maison de Turny, et aussi le droit d'herbage, de pâturage et de passage
dans toute la châtellenie de Venizy, jusqu'à la limite de Burs. Les
Templiers devaient, jouir du droit de péché dans leurs moulins, sans être
tenus à aucune réparation des ponts et chaussées, excepté à celle des
planches du pont de Belaine et de Borgeel. Quant à la chasse, elle était
réservée au comte de Brienne qui, toutefois, ne pouvait chasser dans
l'enclos des Templiers; et ceux-ci n'avaient le droit de chasser hors de
leur enclos qu'en compagnie du Grand-Prieur de France ou du commandeur de
Coulours.
La maison de Turny, incendiée à la fin du XIVe siècle, fut
reconstruite en 1460, par un frère de l'Hôpital, Jean du Buissel, alors
curé de Turny, qui avait pris à bail les terres de cette maison et le
domaine du Luteau, dont il sera parlé ci-après, moyennant un fermage de 16
livres tournois; et en outre à la charge de rebâtir l'hôtel de Turny ainsi
que la chapelle qui avait également disparu.
En 1495, la maison fut
détruite de nouveau, et depuis ne fut plus reconstruite. Il en dépendait
peu de terres, 60 à 70 journaux.
Au Commandeur appartenait le
patronage et la collation de la cure de Turny, avec la jouissance des
grosses et menues dîmes.
La terre et seigneurie de Turny rapportait,
en 1788, 1,950 livres. Il ne restait alors que trois des cinq moulins de
Venizy :
le moulin d'en haut, le moulin d'en bas, et le moulin du
Luteau.
De nombreux écrits indiquent que ce hameau était habité par les Templiers qui en possédaient les terres et l'appelaient "Terres de Saint Laurent"
Lorsque Philippe LE BEL fit arrêter la plupart des Templiers en 1307 dans toute la France et lorsque le Pape CLEMENT V légua tous leurs biens à l’ordre des Frères Hospitaliers, les terres de Saint Laurent furent incontestablement le lieu où s’établirent les Frères Hospitaliers.
La provenance du nom de ce hameau se situe dans le terme « hospitalier » qui, étymologiquement, signifie "religieux qui accueille".
Il se substitua dès le XIVème siècle à celui de Saint Laurent pour désigner ce lieu.
« .... Au milieu de la terre de Turny, » explique Bénony DURANTON dans l'annuaire de l'yonne « et sur le bord de la route avait été élevée jadis une chapelle sous l'invocation de Saint Laurent et auprès de cette chapelle quelques maisons auxquelles on avait donné le nom d'hôpital. Le nombre de ces maisons s'est peu à peu accru et forme aujourd'hui un hameau d'une certaine importance et parfaitement situé..... »
Ce sont les croisades qui donnèrent naissance aux Hospitaliers.
Ces ordres religieux étaient spécialisés dans la protection à apporter et les soins à donner aux pèlerins.
Les plus célèbres sont les Chanoines et Chevalier du Saint Sépulcre, les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, les Frères de Saint Jean de Dieu.
Après le départ des Frères Hospitaliers, ce hameau dut son développement, uniquement agricole, à la qualité des sols.
La chapelle St-Laurent était situé à l'endroit même ou est implanté en 1998 un élevage intensif de poulets. La carte de Pichot réalisé en 1784 montre exactement le lieu (voir ci dessous)
"La chapelle Saint-Laurent de L'hopital" nous dit Bénony DURANTON "fut détruite en 1793. Elle jouissait d'une certaine renommée. On y venait de fort loin en pèlerinage le jour de la fête qui tombe le 10 août..."
Exemples d'architectures de Chapelles de l'époque des Templiers
Les Varennes signifie "petit ruisseau". Il convient ici de faire le rapprochement avec le ruisseau de Linant. Ce lieu habité depuis une origine très récente a emprunté le nom du lieu-dit sur lequel se sont construits la ferme et le château actuels.
L'histoire doit être confondue avec celle du château des Varennes.
f) Les Maraults. (non les MARAUX)
L'orthographe de ce hameau varie beaucoup dans les différents écrits existants. « Marauts, Maraux, Maraud, Maraults... ». C'est précisément pour cette raison, par délibération de juillet 2015 le conseil municipal décidera que ce lieu "Maraults" s'écrirait désormais "les MARAUX"
Etymologiquement, ce terme est composé à partir du latin "Mariscus" signifiant marais.
Le suffixe auld dérivant de "aud" fait du terme maraud un adjectif désignant de manière péjorative (au sens d'inintéressant) une zone humide, marécageuse.
A l'origine, le hameau des Maraults (Maraux) doit son existence à l’installation d'une population vivant de l'agriculture et de l'élevage.
L'implantation des deux fermes, dont l'une a été détruite par un incendie en septembre 1979 et la suivante abandonnée par les propriétaires au début des années 1980, a une création récente de deux siècles environ.
Sensiblement à la même époque, la Brumance permit de faire fonctionner un moulin, le Moulin de la rivière, avec l'énergie hydraulique.
Le hameau des Maraults, MARAUX ne s'est pas davantage développé jusqu'à ce que des habitations nouvelles, (population d'ouvriers, retraités, parisiens) soient venus l'agrandir à partir de la deuxième moitié du XXème siècle.
De tous temps, le Bas Turny semble avoir été le repère des seigneurs de la contrée.
Ce lieu très proche de Turny permettait de surveiller le bourg affranchi depuis 1140.
On sait qu’en 1606 Robert Piedefer, Seigneur de Turny, vivait dans un château au Bas Turny construit déjà depuis longue date.
Charles de Barbezières, dans les années 1650, en construisit un second sur les ruines du premier.
Les trois grandes fermes existant encore actuellement sont les anciennes dépendances de ce château.
Le Bas Turny s'agrandit peu à peu quand la campagne devint plus sûre.
En ce qui concerne les habitations proprement dites du hameau, celles- ci ont une origine récente, de deux siècles au plus pour les plus anciennes. Ce n'est en effet qu'à partir du XVIIIème siècle que les serviteurs travaillant au château s'installèrent autour du logis de leur maître et construisirent les premières demeures et les premières fermes.
En effet, il est peu probable que des maisons aient existé au Moyen-Age lors des attaques des huguenots alors que 900 mètres plus loin le "Turris" avec ses mottes, ses palissades et fossés offrait davantage de sécurité.
Ce village conserva sa vocation agricole durant toute la période post- révolutionnaire jusqu'à la première moitié du XXème siècle.
Au début des années 1960, l’édification d'habitations nouvelles pour les besoins d'une population d'ouvriers et employés permit d'agrandir le hameau de Turny.
En cette fin de millénaire, les anciennes demeures extrêmement bien restaurées pour la plupart, sont devenues des résidences secondaires pour citadins en week-end.
Il n'est pas difficile de deviner l'origine du nom "Bas Turny" situé en aval du "Turris". La pente très faible qui joint ces deux villages est de 0,55%.
Et puis les hameaux et lieux-dits aujourd’hui disparus…
La ferme de la motte était située en direction des maraults sur le lieu-dit "les prés du Seigneurs" appelé plus tard, aprés la révolution "prés de la grande motte"(P15 VIII sur la carte) entre les lits supérieur et inférieur de la brumance. Cette ferme était entourée de fossés remplis d’eau protégés à l’exemple d’un petit château et alimenté par le lit supérieur de la brumance. Elle était encore mentionnée sur la carte de la paroisse de Turny réalisée en 1784 . Aujourd’hui, il ne reste plus aucune trace de cet ancien lieu-dit habité.
Comme pour le hameau de l'Hopital,
il s'agit d'une ancienne maison du Temple appartenant à la Commanderie
de COULOURS. Aujourd'hui disparue, elle
était située à une lieue environ au nord du village de Turny. Il est fait
mention de cette maison dans des lettres de Guyot Ragoz, sire de Chailley, du
mois de mars 1254, par lesquelles voulant terminer un différend qui existait
entre lui et les frères de la
chevalerie du Temple de
"Coulooyres",
il leur
fit abandon des terres qui lui provenaient du chevalier Guyon de Cortisel,
son frère; lesquelles terres, est-il dit, "sieent aupres
le masun dou Luttel, et touchent à la voie qui vaint de Linant, et va à
Saudurant".
La maison du Luteau avait été démolie en 1460.
On la rebâtit plus tard à usage de ferme, laquelle comptait, au siècle
dernier, près de 200 arpents de terre, affermés en 1788, 725 livres.
Le Temple du luteau
Située à une lieue environ au nord du village de Turny. Il est fait
mention de cette maison dans des lettres de Guyot Ragoz, sire de Chailley, du
mois de mars 1254, par lesquelles voulant terminer un différend qui existait
entre lui et les frères de la chevalerie du Temple de « Coulooyres », il leur
fit abandon des terres qui lui provenaient du chevalier Guyon de Cortisel, son
frère; lesquelles terres, est-il dit, « sieent aupres le masun dou Luttel, et
touchent à la voie qui vaint de linant et va au saudurant
La maison du Luteau avait été démolie en 1460. On la rebâtit plus tard à
usage de ferme, laquelle comptait, au siècle dernier, près de 200 arpents de
terre, affermés en 1788, 725 livres.
Sources : les commanderies du Grand-Prieuré de France -
Eugène
Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Luteau (Le), bois, commune de Villemaur et
de Saint-Benoit-sur-Vanne.
- Luteau, XVIIIe siècle (Carte de Cassini)
Sources : Dictionnaire topographique du département de
l'Aube, par MM. Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC.
LXXIV.
LE THUROT : Etabli à l’extrême Nord du territoire, ce hameau doit son origine à l’installation de bûcherons qui exploitaient pour le compte du seigneur la partie de la forêt lui appartenant.
Curieusement il existe encore aujourd’hui des habitations sur cette partie de territoire de Turny. Mais tous les équipements collectifs sont raccordés sur la commune de Boeurs.
ARTICLES PUBLIES DANS L'YONNE REPUBLICAINE les 9, 24 et 31 août 2011
Turny, paisible village du canton de Brienon, mais appartenant à la communauté de communes du Florentinois, compte actuellement environ 800 habitants. Ils étaient le double en 1800.
Des traces d'habitats très anciens existent près du hameau de Courchamp, où des nécropoles protohistoriques ont été révélées lors d'une campagne archéologique de prises de vue aériennes.
Mais ce sont les Templiers de la commanderie de Coulours qui créèrent la paroisse et la seigneurie de Turny dont les limites territoriales n'ont pas changé. A ce même moment, Turny devient « comugne », autrement dit ville affranchie. A l'époque, c'est un bourg fortifié : ses fossés, sa motte féodale et palissades de bois, ses murailles et tours de défense constituaient une protection contre les attaques.
Malgré la présence des Templiers, le lieu de culte n'était certainement qu'une chapelle, souvent détruite et reconstruite à cause des guerres. L'église telle qu'on peut l'admirer a été érigée au XVIe siècle. Commencée en 1518, sa construction s'est prolongée jusqu'en 1550. L'église est consacrée à saint Mammès, un saint martyr du IIIe siècle, au nom finalement assez peu répandu.
Outre son utilisation pour la vie religieuse, l'édifice, dont la tour s'élève à plus de 50 mètres, a servi de tour de guet pour donner l'alerte, à l'aide d'une cloche spéciale, en cas d'attaque de bandes de brigands ou de Huguenots en guerre.
Classée monument historique en 1913, souvent restaurée, elle reste l'un des rares témoignages encore visibles de la vie passée du village. Comme dans beaucoup de cités, la destruction des portes et des murs d'enceintes devenus inutiles s'est achevée au XIXe siècle. Les ponts de grès ont remplacé les ponts levis. Les fossés ont été en partie comblés pour permettre la construction d'une voie de circulation ceinturant le bourg.
Au début du XIXe siècle, la commune a connu une période de prospérité. Trois foires annuelles importantes (en mars, août et octobre) se tenaient au village. Et puis, dès le début du XXe, ce fut le déclin dû à l'exode rural. En 1975, le nombre d'habitants était descendu à 440. Les commerces ont fermé les uns après les autres : l'épicerie (1973), la boulangerie et la boucherie (1976), le café (1991).
Aujourd'hui, de nombreuses associations dynamiques s'attachent à faire vivre le village, où les habitants assurent qu'il fait bon vivre.
P. T.
(*) Sources : Patrick Moreau, auteur d'un livre sur Turny et son site http:\\turny.chez.com ; Gisèle Corgeron, présidente des Amis du patrimoine, auteure d'une rubrique sur l'histoire de Turny dans les bulletins municipaux des années 80.
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Article publié dans l'Yonne Républicaine le mercredi 24 août 2011
Le territoire communal de Turny, encore identique à ce qu'il était en 1141, forme une sorte de croissant de 14 km de long et de 3 km dans sa partie la plus large. Il offre des paysages variés de pâturages et de cultures, de plaines et de collines, de lieux humides et d'endroits où l'eau se fait rare.
Les Varennes. L'eau ne manque pas et n'a jamais manqué au hameau des Varennes (probablement d'une racine pré latine war signifiant eau). Arrosé par le ruisseau de Linant, il a été habité assez récemment et son histoire se confond avec celle du château. Celui-ci, bien qu'entouré de fossés, doté de murs épais et d'un pont-levis, n'a jamais eu à affronter sièges ou attaques.
En 1750, le domaine est propriété de Michel Armand Sallot de Montacher et de son épouse. Les affaires prospèrent et fin XVIIIe, la demeure est devenue château. Leur fils, Denis, juge à Troyes, amène un nouvel essor. Il installe, sur le ruisseau de Linant, une petite usine hydraulique. Celle-ci bat le grain et le nettoie. Elle fait des huiles avec le lin récolté sur place. Elle produit du tan à partir de l'écorce du chêne. Mais fin XIXe, c'est le déclin. Le château sera revendu plusieurs fois. Actuellement les fossés sont envasés et certains bâtiments en fort mauvais état.
Les Maraults. Non loin de là, se trouve le hameau des Maraults dont le nom lui-même indique que le lieu était marécageux (marault est une variante de marais qui vient du mot francisque marisk). Habité depuis pas plus de deux siècles, il comportait deux fermes et un moulin à eau. Tous trois ont cessé leurs activités. Les Maraults sont devenus un agréable hameau résidentiel.
Le Fays. Cependant s'il est des lieux où l'eau abondait et favorisait l'implantation de l'habitat, ce ne fut pas le cas du Fays. Ce hameau, perché à 299 m d'altitude, est le point culminant de la commune. Il tire son nom de fayard (dérivé du latin fagus) autre mot utilisé pour désigner le hêtre. Le lieu est aride, l'eau peu abondante. Les puits devaient être creusés jusqu'à 60 m de profondeur. Pourtant le hameau est probablement très ancien.
Ses habitants vivaient de l'exploitation de la forêt, comme l'atteste, en 1784, un arpenteur royal. Les sols étaient peu fertiles et pendant longtemps on a pratiqué l'élevage des chèvres et des moutons. Aujourd'hui le hameau est réputé, chez les amateurs de motocross, pour son circuit particulièrement accidenté. n
Patrick Tapin
Sources : Patrick Moreau auteur d'un livre sur Turny et son site http:\\turny.chez.com et Noms des lieux de Bourgogne de Gérard Taverdet (Ed. Bonneton)
L'Yonne Républicaine du mercredi 31 août 2011
Des neuf hameaux que compte la commune de Turny, il n'en reste qu'un dont l'histoire mérite d'être évoquée. C'est Linant.
Situé à environ 2 km au nord de Turny, Linant porte un nom qui renseigne sur ce qui a été son activité principale : la culture du lin. Au temps des Templiers, il n'existait qu'une ferme et une chapelle. Au XVIe siècle, on note la présence d'une deuxième ferme. Le lin, cultivé pour le textile et l'huile, était traité sur place. Dans un silo à lin, près du Pont de grès, on pratiquait le rouissage. Au moulin des Varennes, on battait le lin pour extraire l'huile des graines.
La chapelle, consacrée à Sainte-Catherine, était située à l'angle de la rue Sainte-Catherine et de la rue de l'Abreuvoir. Reconstruite et agrandie en 1570, elle exerçait une certaine concurrence avec l'église de Turny. Chaque dimanche et jour de fête, la messe y était dite. Détruite en 1793, elle est rebâtie en 1840. Néanmoins, l'activité religieuse s'y étant fortement ralentie, elle est démolie en 1903 à la suite d'un accident mortel, car « elle est un danger permanent pour la circulation des voitures », selon la délibération du conseil municipal du 9 août 1903.
Plus tard, il est un autre domaine où la concurrence entre Turny et le hameau s'est manifestée, c'est le domaine scolaire. Depuis la fin des années 1860, il existait à Turny deux écoles et une au Fays, hameau éloigné. Or en 1931, le recensement montre que la population de Linant est supérieure à celle du bourg : 158 habitants contre 147. Les Linantais demandent donc la construction d'une école. Ils protestent contre le fait que leurs enfants doivent parcourir une distance importante à pied, sur les bords de la route où la circulation est importante, arrivant à l'école crottés et mouillés. Comme le conseil municipal refuse, ils fondent une association, à laquelle s'associent les parents de Courchamp, et font construire, à leurs frais, une école privée.
Aussitôt, une vive opposition contre celle-ci se manifeste. Le conseil municipal se montre hostile. Les habitants des hameaux du Saudurand et du Fays, craignant la fermeture de l'école du Fays, signent une pétition, rejoints par ceux de L'Hôpital. L'Inspection académique désapprouve. Pourtant, le 1er octobre 1938, la première institutrice prend ses fonctions.
Rapidement, l'association rencontre des difficultés financières, mais en 1940, l'inspecteur d'académie revoit sa décision et nomme la première institutrice laïque. Le maire refuse de signer son procès-verbal d'installation et le conseil municipal démissionne.
Les choses ne s'arrangeront qu'en 1950. L'association propose de vendre puis de donner l'école à la commune. Ce don sera accepté en 1953. Malheureusement, le profil démographique de Linant a alors changé. Il y aura de moins en moins d'élèves et l'école fermera en 1960. n
Patrick Tapin