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HISTORIQUE DE CERTAINS HAMEAUX

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De tous les villages de la commune Turny est, indiscutablement, le plus ancien.

Il est raisonnable de penser que l'apparition de tous ces hameaux dispersés dans la campagne a pour origine l'implantation puis le développement de l'agriculture dans ces zones. Les paysans s'établissaient là où ils cultivaient.

Ces hameaux que l'on peut qualifier, d'après leur profil, de "villages rues"(L'architecture rurale en Pays d'Othe - 89770 Chailley) sont de ce fait typiques des villages agricoles qui composent notre région.

Par ailleurs, trois facteurs complémentaires permettent de mieux comprendre que ces villages aient prospéré au cours des siècles.

- Facilité de trouver de l'eau dans le sous-sol sur la presque totalité du territoire (excepté Le Fays),

- Fertilité des sols sur tout le Sud du territoire à partir du Saudurand,

- La sécurité dans la campagne est le dernier facteur intervenu vers la fin du XVIIIème siècle.

Il est à noter cependant que ces généralités ne constituent pas l'unique explication sur l'origine de ces villages, car chacun d'entre eux possède aussi une histoire. La chronique d'un certain nombre d'entre eux peut être reconstituée.

a) Le Fays

A une altitude de 299 mètres sur le plateau de la forêt d'Othe, ce hameau du Fays domine toute la commune. Par temps clair, ce lieu privilégié qui n'a pourtant jamais été choisi par nos ancêtres pour la construction d'un château fortifié, permet de voir jusqu'à Brienon.

Le Fays doit son origine à la forêt d'Othe. Ce nom vient du terme "fayard" utilisé au XVIème siècle, du latin fageus, fagus signifiant "hêtre". En 1784, c’était un hameau important. Pour y accéder, il fallait emprunter la route qui passait par Le Luteau, hameau aujourd’hui disparu.

Autrefois, on désignait ce lieu comme étant celui où l'on trouve des hêtres.

Si l'absence de preuves interdit de situer la date d'origine de ce hameau, tout laisse à penser qu'il est très ancien. Les habitants exploitaient les bois de la communauté ainsi que ceux du seigneur comme l’indique l’arpenteur royal en 1784. La confirmation de cette exploitation de la forêt dans un passé récent- début du siècle- est démontrée par le travail d'écorçage du chêne (L'écorçage du chêne).

Dans ce hameau, il est très difficile de trouver de l'eau dans le sous-sol. Les puits publics avaient une profondeur de soixante mètres. Par ailleurs, il convient de noter que les sols environnants sont peu fertiles.

Enfin il faut remarquer la parfaite adaptation de l'élevage de la chèvre et du mouton dans cette localité.

b) Linant

Linant trouve l'origine de son nom dans le terme de "linon" usité au XVème siècle et désignant la culture du lin.

La culture du lin, pour ses huiles et pour le textile, tenait une place importante dans les environs et cela dès l'exploitation, par les Templiers, de la ferme située à Linant.

En effet, jusqu'au début du siècle il existait encore à Turny un silo à lin et à chanvre où s'effectuait le rouissage près du pont de Grès, désigné localement "les rouazes".

D’autre part, la Maison de SALLOT DE MONTACHER battait le lin au château des Varennes", (Bénony DURANTON - annuaire de le Yonne année 1854) ) ce qui permettait de faire de l'huile de lin à partir des graines.

Au XVIème siècle, il existait deux Linant. Le Haut Linant et le Bas Linant, connu aussi sous le nom de Greslier. Chaque Linant formait une seule et unique ferme. La ferme du Haut Linant se situait sur le lieu-dit la ferme de Linant (Voir lieu dit (Fl, VI).

La chapelle Sainte Catherine de Linant, sanctuaire catholique isolé dans la campagne à proximité des fermes des deux Linant a été, à l'origine, érigée pour les besoins de prières de ces Templiers. Elle était située dans l'angle que forment la rue Ste Catherine, la rue de l'Abreuvoir et le ruisseau de linant côté rue du Cognat.

Avant 1518, (1518 début de la construction de l'église de Turny), avec celles de Turny, et de L'hôpital, ces trois chapelles pouvaient rivaliser fièrement de leurs architectures qualitativement identiques.

La chapelle Sainte Catherine fut reconstruite et agrandie en 1570, vingt ans après que fut achevée l'église de Turny, devenant ainsi plus importante que la chapelle de L'hopital. Elle fut bénie en 1593.

« Jusqu'à la révolution » nous dit Bénony DURANTON , « le vicaire de Turny se rendait chaque dimanche et jour de fête célébrer la messe à la chapelle de Linant qui était devenue une véritable succursale de l'église paroissiale ». Cette chapelle fut détruite en 1793.(annuaire de l'yonne 1854 P.434 (1)

Bénony DURANTON nous indique qu'une nouvelle chapelle fut reconstruite sur le même lieu dans les années 1840 (annuaire de l'yonne 1854 P.434 (1) et délib du 9 août 1903) . Elle sera très peu utilisée au début du XXème siècle.

A l'origine de la mort accidentelle de Monsieur PAILLERY Désiré en raison du manque de visibilité, La chapelle de Linant fut détruite par délibérations du 9 août 1903 confirmée le 20 mars 1904

c) L'hopital

L'étude sur les Templiers et plus particulièrement de la commanderie de COULOURS confirme une origine très ancienne du hameau de L'Hopital 

L'Hopital était en effet le lieu ou se trouvait le Temple de Turny. Il en dépendait une chapelle, nommée la chapelle de Saint-Laurent, qui se trouvait entre la maison du Temple et le village. C'est ce qui a fait appeler parfois la maison de Turny, la Petite-Commanderie de Saint-Laurent.
Le fief de Turny appartenait aux Templiers, dès le commencement du XIIIe siècle. Il comprenait alors les moulins de Venesi, "Venizy, aujourd'hui  (Yonne)" qui en formaient le principal revenu. Gérard de Brienne, seigneur de Ramerupt, "dominus de Ramerici", eut plusieurs contestations avec les frères du Temple, au sujet de leurs possessions de Turny. Les prieurs de Sainte-Geneviève et de Saint-Eloi à Paris, choisis pour arbitres, mirent fin à leurs débats par une transaction, laquelle porte la date du mois de juin 1236. Dans cet acte, le sieur de Brienne abandonna aux Templiers les cinq moulins bannaux de Venizy, situés à Lames, "entre Venezi et Avolles" et s'interdit le droit d'en construire d'autres depuis Turny jusqu'à Avrolles, "a Turniaco usque ad Evrolam". II leur concéda en outre le droit d'usage dans les bois de Saint-Pierre, pour les réparations de leurs moulins, la faculté d'y prendre chaque jour une charretée de bois, pour les besoins de leur maison de Turny, et aussi le droit d'herbage, de pâturage et de passage dans toute la châtellenie de Venizy, jusqu'à la limite de Burs. Les Templiers devaient, jouir du droit de péché dans leurs moulins, sans être tenus à aucune réparation des ponts et chaussées, excepté à celle des planches du pont de Belaine et de Borgeel. Quant à la chasse, elle était réservée au comte de Brienne qui, toutefois, ne pouvait chasser dans l'enclos des Templiers; et ceux-ci n'avaient le droit de chasser hors de leur enclos qu'en compagnie du Grand-Prieur de France ou du commandeur de Coulours.
La maison de Turny, incendiée à la fin du XIVe siècle, fut reconstruite en 1460, par un frère de l'Hôpital, Jean du Buissel, alors curé de Turny, qui avait pris à bail les terres de cette maison et le domaine du Luteau, dont il sera parlé ci-après, moyennant un fermage de 16 livres tournois; et en outre à la charge de rebâtir l'hôtel de Turny ainsi que la chapelle qui avait également disparu.
En 1495, la maison fut détruite de nouveau, et depuis ne fut plus reconstruite. Il en dépendait peu de terres, 60 à 70 journaux.
Au Commandeur appartenait le patronage et la collation de la cure de Turny, avec la jouissance des grosses et menues dîmes.
La terre et seigneurie de Turny rapportait, en 1788, 1,950 livres. Il ne restait alors que trois des cinq moulins de Venizy :
le moulin d'en haut, le moulin d'en bas, et le moulin du Luteau.

De nombreux écrits indiquent que ce hameau  était habité par les Templiers qui en possédaient les terres et l'appelaient "Terres de Saint Laurent"  

Lorsque Philippe LE BEL fit arrêter la plupart des Templiers en 1307 dans toute la France et lorsque le Pape CLEMENT V légua tous leurs biens à l’ordre des Frères Hospitaliers, les terres de Saint Laurent furent incontestablement le lieu où s’établirent les Frères Hospitaliers.

La provenance du nom de ce hameau se situe dans le terme « hospitalier » qui, étymologiquement, signifie "religieux qui accueille".

Il se substitua dès le XIVème siècle à celui de Saint Laurent pour désigner ce lieu.

« .... Au milieu de la terre de Turny, » explique Bénony DURANTON dans l'annuaire de l'yonne « et sur le bord de la route  avait été élevée jadis une chapelle sous l'invocation de Saint Laurent et auprès de cette chapelle quelques maisons auxquelles on avait donné le nom d'hôpital. Le nombre de ces maisons s'est peu à peu accru et forme aujourd'hui un hameau d'une certaine importance et parfaitement situé..... » 

Ce sont les croisades qui donnèrent naissance aux Hospitaliers.

Ces ordres religieux étaient spécialisés dans la protection à apporter et les soins à donner aux pèlerins.

Les plus célèbres sont les Chanoines et Chevalier du Saint Sépulcre, les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, les Frères de Saint Jean de Dieu.

Après le départ des Frères Hospitaliers, ce hameau dut son développement, uniquement agricole, à la qualité des sols.

La chapelle St-Laurent était situé à l'endroit même ou est implanté en 1998 un élevage intensif de poulets. La carte de Pichot réalisé en 1784   montre exactement le  lieu (voir ci dessous)

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"La chapelle Saint-Laurent de L'hopital" nous dit Bénony DURANTON "fut détruite en 1793. Elle jouissait d'une certaine renommée. On y venait de fort loin en pèlerinage le jour de la fête qui tombe le 10 août..."

 Exemples d'architectures de Chapelles  de l'époque des Templiers

e) Les Varennes.

Les Varennes signifie "petit ruisseau". Il convient ici de faire le rapprochement avec le ruisseau de Linant. Ce lieu habité depuis une origine très récente a emprunté le nom du lieu-dit sur lequel se sont construits la ferme et le château actuels.

L'histoire doit être confondue avec celle du château des Varennes.

f) Les Maraults. (non les MARAUX)

L'orthographe de ce hameau varie beaucoup dans les différents écrits existants. « Marauts, Maraux, Maraud, Maraults... ». C'est précisément pour cette  raison, par délibération de juillet 2015 le conseil municipal décidera que ce lieu "Maraults" s'écrirait désormais "les MARAUX"

Etymologiquement, ce terme est composé à partir du latin "Mariscus" signifiant marais.

Le suffixe auld dérivant de "aud" fait du terme maraud un adjectif désignant de manière péjorative (au sens d'inintéressant) une zone humide, marécageuse.

A l'origine, le hameau des Maraults (Maraux) doit son existence à l’installation d'une population vivant de l'agriculture et de l'élevage.

L'implantation des deux fermes, dont l'une a été détruite par un incendie en septembre 1979 et la suivante abandonnée par les propriétaires au début des années 1980, a une création récente de deux siècles environ.

Sensiblement à la même époque, la Brumance permit de faire fonctionner un moulin, le Moulin de la rivière, avec l'énergie hydraulique.

Le hameau des Maraults, MARAUX ne s'est pas davantage développé jusqu'à ce que des habitations nouvelles, (population d'ouvriers, retraités, parisiens) soient venus l'agrandir à partir de la deuxième moitié du XXème siècle.

g) Le Bas Turny

De tous temps, le Bas Turny semble avoir été le repère des seigneurs de la contrée.

Ce lieu très proche de Turny permettait de surveiller le bourg affranchi depuis 1140.

On sait qu’en 1606 Robert Piedefer, Seigneur de Turny, vivait dans un château au Bas Turny construit déjà depuis longue date.

Charles de Barbezières, dans les années 1650, en construisit un second sur les ruines du premier.

Les trois grandes fermes existant encore actuellement sont les anciennes dépendances de ce château.

Le Bas Turny s'agrandit peu à peu quand la campagne devint plus sûre.

En ce qui concerne les habitations proprement dites du hameau, celles- ci ont une origine récente, de deux siècles au plus pour les plus anciennes. Ce n'est en effet qu'à partir du XVIIIème siècle que les serviteurs travaillant au château s'installèrent autour du logis de leur maître et construisirent les premières demeures et les premières fermes.

En effet, il est peu probable que des maisons aient existé au Moyen-Age lors des attaques des huguenots  alors que 900 mètres plus loin le "Turris" avec ses mottes, ses palissades et fossés offrait davantage de sécurité.

Ce village conserva sa vocation agricole durant toute la période post- révolutionnaire jusqu'à la première moitié du XXème siècle.

Au début des années 1960, l’édification d'habitations nouvelles pour les besoins d'une population d'ouvriers et employés permit d'agrandir le hameau de Turny.

En cette fin de millénaire, les anciennes demeures extrêmement bien restaurées pour la plupart, sont devenues des résidences secondaires pour citadins en week-end.

Il n'est pas difficile de deviner l'origine du nom "Bas Turny" situé en aval du "Turris". La pente très faible qui joint ces deux villages est de 0,55%.

Et puis les hameaux et lieux-dits aujourd’hui disparus…

LA FERME DE LA MOTTE

La ferme de la motte était située en direction des maraults sur le lieu-dit "les prés du Seigneurs" appelé plus tard, aprés la révolution "prés de la grande motte"(P15 VIII sur la carte) entre les lits supérieur et inférieur de la brumance. Cette ferme était entourée de fossés remplis d’eau protégés à l’exemple d’un petit château et alimenté par le lit supérieur de la brumance.  Elle était encore mentionnée sur la carte de la paroisse de Turny réalisée en 1784 . Aujourd’hui, il ne reste plus aucune trace de cet ancien lieu-dit habité.

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LE LUTEAU :

Comme pour le hameau de l'Hopital, il s'agit d'une ancienne maison du Temple appartenant à la Commanderie de COULOURS. Aujourd'hui disparue, elle était située à une lieue environ au nord du village de Turny. Il est fait mention de cette maison dans des lettres de Guyot Ragoz, sire de Chailley, du mois de mars 1254, par lesquelles voulant terminer un différend qui existait entre lui et les frères de la chevalerie du Temple de "Coulooyres", il leur fit abandon des terres qui lui provenaient du chevalier Guyon de Cortisel, son frère; lesquelles terres, est-il dit, "sieent aupres le masun dou Luttel, et touchent à la voie qui vaint de Linant, et va à Saudurant".
La maison du Luteau avait été démolie en 1460. On la rebâtit plus tard à usage de ferme, laquelle comptait, au siècle dernier, près de 200 arpents de terre, affermés en 1788, 725 livres.

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Le Temple du luteau

Ordre de Malte


Située à une lieue environ au nord du village de Turny. Il est fait mention de cette maison dans des lettres de Guyot Ragoz, sire de Chailley, du mois de mars 1254, par lesquelles voulant terminer un différend qui existait entre lui et les frères de la chevalerie du Temple de « Coulooyres », il leur fit abandon des terres qui lui provenaient du chevalier Guyon de Cortisel, son frère; lesquelles terres, est-il dit, « sieent aupres le masun dou Luttel, et touchent à la voie qui vaint de linant et va au saudurant

Ordre de Malte


La maison du Luteau avait été démolie en 1460. On la rebâtit plus tard à usage de ferme, laquelle comptait, au siècle dernier, près de 200 arpents de terre, affermés en 1788, 725 livres.
Sources : les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)

Luteau (Le), bois, commune de Villemaur et de Saint-Benoit-sur-Vanne.
- Luteau, XVIIIe siècle (Carte de Cassini)
Sources : Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM. Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.  

LE THUROT : Etabli à l’extrême Nord du territoire, ce hameau doit son origine à l’installation de bûcherons qui exploitaient pour le compte du seigneur la partie de la forêt lui appartenant.

Curieusement il existe encore aujourd’hui des habitations sur cette partie de territoire de Turny. Mais tous les équipements collectifs sont raccordés sur la commune de Boeurs.

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ARTICLES PUBLIES DANS  L'YONNE REPUBLICAINE  les 9,  24 et 31 août 2011

Turny, des Templiers jusqu'à nos jours (9/08/2011)

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