LA COMMANDERIE DE COULOURS

 

Liste des commandeurs Templiers de Coulours :

Vers 1130 - Frère Raymond de Coulours
Vers 1150 - Humfroy
En 1162 - Ertaud
En 1190 - Gilbert
En 1260 - Robert, précepteur de Coulours, Payns et Troyes
En 1290 - Jean Morel de Beaune, dit Jean de Coulours
En 1307 - Henri de Supin

 

La commanderie fut fondée dès les débuts de l'Ordre grâce aux libéralités de l'archevêque de Sens et de Thibaud II de Champagne. Elle passa aux mains des Hospitaliers en 1312, et après la révolution, les possessions des Hospitaliers, comme toutes les autres, furent vendue comme bien national. Elles servirent presque toutes de carrière pour la construction de nouveaux bâtiments, c'est pour cette raison qu'il ne reste pratiquement rien.
La commanderie fut détruite à cette époque fatidique, il reste, la base de la tour de chapelle et la demeure du fermier.
La chapelle à moitié ruinée possède un choeur à chevet plat, percé de trois petites fenêtres. On remarque, à l'intérieur du bâtiment, les armes du chevalier Thimoleon Testu de Balincourt.

La maison du Temple de Coulours, "Coulours, (Yonne), arrondissement Joigny, canton de Cerisiers" est une fondation qui remonte à l'année 1157 ou 1158. C'est au moins ce qui paraît résulter des termes d'une charte de Henri, archevêque de Sens, datée de 1159, par laquelle ce prélat, pour mettre fin à un différend qui s'était élevé entre les frères de la chevalerie du Temple et l'abbé de Saint-Remi de Sens, au sujet de la dîme de Coulours, décida comme arbitre choisi par les parties, que les Templiers ne devaient aucun droit de dîme pour la maison qu'ils venaient de faire construire dans la paroisse de Saint-Remi, appelée Coulours, "pro mansione nuper edificata in parochia Saint-Remigii que dicitur Coloirs".
Quant à la dïme due parles habitants du village, elle devait se partager entre l'abbé de Saint-Remi et les frères du Temple.
Ceux-ci eurent encore au XIIe siècle des démêlés avec les seigneurs des Sièges, "les Sièges, (Yonne), arrondissement, Sens, canton -> Villeneuve-l'Archevêque" village voisin de Coulours. Jacques des Sièges, "de Eschegiis", leur réclamait des droits dans le finage et la forêt de Coulours, "in foresta de Coloiro", et leur contestait la possession des larris ou bruyères du lieu, et le droit d'usage dont ils jouissaient dans le bois de Rasthel, "Le Rateau, commune de Bagneaux". Ce désaccord se termina par une transaction passée en 1174 devant Guillaume, archevêque de Sens.

Quelques années après, nous voyons Hilduin des Siéges reconnaissant aux Templiers la libre jouissance du quart du bois des Sièges, "nemoris de Eschegiis". Il convenait avec eux que les produits de certains terrages qui, avec quelques dîmes, leur étaient communs, et se trouvaient dus par les hommes des Sièges, de Coulours et de Vaudeurs, "de Valle Rederis", seraient emmenés dans une grange que les frères du Temple feraient bâtir à Coulours, en vertu d'un accord fait entre eux en 1188, sous le sceau de Michel, archevêque de Sens.

Une charte de W, abbé de Vauluisant, "Yallis lucentis", de l'année 1193, régla avec les Templiers et leurs hommes de Coulours, des droits de pâturage qu'ils avaient de part et d'autre dans les bois de Cerilly, "arrondissement Joigny" "de Cereliaco", des Loges, "commune de Vaudeurs" "de Logiis", et de Glande (?).
Le Commandeur était seul seigneur, au temporel comme au spirituel, du village de Coulours; il avait la collation de la cure et toutes les dîmes de la paroisse.
L'hôtel de la Commanderie était situé près de l'église. En 1460, le commandeur Thomas Denglos fit entourer d'un grand mur les jardins de son hôtel, et renferma dans cette même enceinte l'église et le cimetière.

Le domaine de Coulours comprenait 1,400 arpents de terre en labour, prés et bois. Il n'en restait plus à la fin du siècle dernier que 360 arpents.
Un document très-curieux qui nous est resté, est une déclaration du temporel de la commanderie, faite en 1338, pour être envoyée au pape Benoît. On voit par ce document, que la maison de Coulours, "domus de Cataloriis", était alors d'un revenu de 171 livres. 17 sols, y compris les droits de justice et de seigneurie.
Les maisons qui dépendaient de celle de Coulours étaient :
la maison de Mesnil-Saint-Loup, "domus de Mesnilio Sancti Lupi"; la maison du Luteau, "domus de Lutello"; la maison de Turny, "domus de Turnyaco"; la maison de Rigny, "domus de Regniaco"; la maison de Sivrey, "domus de Syvriaco"; et la maison des Vallées, désignée alors sous le nom de "domus de Valle Severini".
Les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, en possession de la commanderie de Coulours, y ajoutèrent de nouveaux membres: la terre et seigneurie de Belleville, et des maisons à Sens, qui leur provenaient aussi des Templiers. En 1469, la commanderie avait été tellement ruinée par les guerres, que ce qu'elle rapportait ne pouvait plus suffire à l'entretien d'un commandeur. Le Grand-Maître de l'Hôpital, après avoir pris l'avis de son conseil, décida que cette commanderie serait supprimée, et que ses biens seraient réunis à celle de Troyes.
Cet état de choses dura jusqu'à 1598, époque à laquelle la commanderie de Coulours fut rétablie et composée de la plupart de ses anciens membres, plus de la commanderie de Barbonne et de ce qui restait des anciennes commanderies de Rosnay et de la Chapelle-Lasson, détachées de la commanderie de Troy.

A l'origine, le domaine de Coulours, vaguement délimité, s'étendait sur une partie des territoires des Sièges, de Flacy de Rigny et de Cérilly. Peu à peu, après maintes contestations, suivies d'accords avec les seigneurs voisins, ses limites se précisèrent et les Templiers ne conservèrent à proximité de leur maison de Coulours, que les membres de Rigny (Gerbeaux) et Flacy.

A leur départ pour les croisades, les seigneurs avaient coutume de donner une partie de leurs biens aux monastères ou aux Commanderies. C'est ainsi qu'en 1143, Drogon Strabo donna aux frères de Coulours tout ce qui lui appartenait au Mesnil-Saint-Loup.

Les Templiers de Coulours possédaient à Chablis le droit de banvin (droit de vente exclusif de seigneur de son vin) qui leur avait été donné par feu Miles, seigneur de Noyers.
Frère André de Coulours, précepteur des maisons du Temple en France, le réclamait à G. de, Montréal et au chapitre de Saint-Martin de Tours.
Par acte de l'an 1219, II lit abandon de ce droit au chapitre et au prévôt de Chablis, et reçut en échange une terre à Chichée.
Cette charte, conservée aux Archives de l'Yonne, porte le sceau d'André de Coulours.

En 1224, Erard de Brienne, seigneur de Ramerupt, gendre d'Henri II, comte de Champagne, vendait à Gauthier Cornut, archevêque de Sens, la forêt de Rageuse, d'une superficie de deux mille arpents, au prix de 4 livres de Provins l'arpent du roi. Dans l'acte de vente sont réservés les droits de pâturage pour les Templiers de Coulours ainsi que pour les moines de Vauluisant, de Pontigny, des Echarlis et de Dilo (M. Quantin). Deux ans plus tard, furent fixés les rapports respectifs des Templiers de Coulours avec l'abbaye de Pontigny, au sujet de la forêt de Saint-Pierre (Partie de la forêt de Rageuse) et des terres de la grange de Chailley appartenant aux moines. Il fut dit dans le traité que les Templiers pourraient prendre du bois pour leur maison de Turny, savoir :


"une charretée par jour de bois mort pour brûler et de vois vif pour bâtir et faire les tonneaux et les autres vaisseaux nécessaire a en ce lieu. Les Templiers, qui élevaient des pores à Turgny pourraient en mener jusqu'à trois cents dans la forêt de Saint-Pierre, en payant 2 deniers par porc, ainsi que quarante grands bestiaux et trois cents moutons".  

En échange, les Templiers renoncent à toutes autres prétentions sur cette forêt (M. Quantin. Cart Gen de l'Yonne).

En août 1226, Garnier dé Traînel, seigneur de Marigny, vend aux Templiers de Coulours sa terre et seigneurie de Bellevile, moyennant 800 livres de Provins. Ceux-ci possédaient déjà en ce village quelques terres qu'un sieur Henri Ribault leur avait donné on 1212 (Arch. nat). En juin 1236, Erard de Brienne leur abandonne les cinq moulins banaux de Venisy, avec obligation aux habitants du lieu d'y aller moudre, et s'interdit le droit d'en construire d'autres depuis Turny jusqu'à Avrolles. Erard leur accorde en outre le droit de pâturage dans tous ses bois jusqu'à la limite de Bure (Boeurs-en-Othe); pour leurs maisons de Turny et de Luetel (Le Luteau) et une charretée de bois par jour pour leur maison de Turny ainsi que le droit de pèche dans le bief des moulins.
Par cet acte, il est interdit à Erard, à ses successeurs et aux Templiers de chasser dans le clos de vigne des frères de Turny, si ce n'est en présence du grand maître de France ou du maître de Coulours. Pour toutes ces concessions, les frères ont payé à Erard 200 livres de Provins (Arch Nat - M. Quantin Ann Yonne 1882).

Gui Ragos, sire de Chailley, leur fuit don, en mars 1254, des terres sises auprès de lu maison "dou Luetel" et touchant à la voie qui va de Linant à Saudurand (voir carte).

En 1288, Guillaume, seigneur de Vaudeurs, et Jean, curé de Vulaines, exécuteurs testamentaires de feu Jacques de Vaudeurs décédé chanoine de la cathédrale de Sens, déclarent avoir vendu aux chevaliers du Temple de Coulours pour remplir les intentions du défunt une grange ou maison de bois sise à Sens, devant l'église Saint-Maximin et qui tient â leur hôtel (Arch Nat).

Ainsi, dés la fin du XIIIe siècle, la Commanderie de Coulours avait acquis une certaine importance. A Coulours même, son domaine comprenait environ 1.400 arpents de terre en labour, prés et bois.

La commanderie de Coulours était d'un revenu de 499 livres, en 1338.
Ce chiffre était descendu en 1495, à cause des guerres qui avaient eu lieu, à 269 livres.
Il s'était relevé en 1583, à 5,250 livres;
en 1732, à 11,755 livres.
Il avait atteint en 1757 le chiffre de 18,000 livres;
et en 1782, celui de 32,492 livres.

 

Ruines de la commanderie de Coulours 1845

Ruines de la commanderie de Coulours en 1845
D'après un dessin de Victor Petit, extrait de l'ouvrage de Taylor.

Eglise face Sud

Eglise face Sud

Eglise côté Est

Côté Nord

Prison

Prison

Vers l'an 1300, le roi Philippe le Bel fit estimer les biens ecclésiastiques situés dans le bailliage de Troyes. Dans ce compte, les biens du Temple, dans la châtellenie de Villemaur, sont estimés à 500 livrées de terre (c'est à dire que ces terres rapportaient 500 livres de rente.)

A cette époque, les chevaliers du Temple étaient arrivés à posséder dans toute la France d'immenses domaines, ce qui leur attira les convoitises du pouvoir royal. Au commencement du XIVe siècle, Philippe le Bel résolut de supprimer l'Ordre qui formait une sorte d'état dans l'état.

Le 13 octobre 1307, tous les Templiers présents en France sont arrêtés à la fois. Le confesseur du roi, Guillaume de Paris, se rend su Temple du Mesnil-Saint-Loup où le commandeur Henri de Supin, les frères Jean de Coulours et Constant de Bencenay, curé de Coulours, avaient été amenés. On trouve dans leurs Interrogatoires d'étranges révélations : crachements sur la croix, adoration des idoles, moeurs Impudiques, etc... Ils avouent avoir pratiqué des actes obscènes lors de la réception de nouveaux frères aux Temples de Coulours, de Turny et du Mesnil-Saint-Loup.

Henri de Supin et Jean de Coulours furent transportés à Paris. Constant, qui n'avait, reconnu aucun de ces faits et ne cessait de protester, fut renvoyé à sa cure, où il reçut de Jean cette lettre, singulier échantillon de la langue française de l'époque :
"
A homes honorables et sages, ordenés de per nostre pere l'Aposstelle pour le fet des Templiers, li frères li quies sunt en prisson à Paris en la masson de Tiron des ques voici les noms :
primerement, frère de Catembre, prestre, frére de la Casserne, frère de Buissiers, frère Jehan de Bures, frère Mathie de Bures, frère Jehan de Coleurs, frère de Clermont en Beauvoisin, frère de Vatan, honeur et révéranci !
Comes notre comandemans feut à nos ce jeudi prochain passé, ils nos feut demandé si nos volens défendre la religion deu Temple dessus dite, tuit distrent al et disons que ale est bone et leal, et est tout sans et mauvesté et traïson tout ce que nos l'en met sus, et sommes prest à défendre chacun pour soy en touz ensemble, en telle mainere que droite et sante Egliese et vos an regarderons comme cil qui sunt en prisson an nois frés, à copte II, à somes en neire fosse oscure toutes les nuit.
Item nos vos fessons asavir que les gages de XII denier que nos avons de nos soufficent mie; car nos convient païer nos lis, III denier per jour chascun liz, loage de cuisine, napes tonales pour tenales et autres choses, II sols VI denier la semange.
Item pour nos fergier et disferger, puis que nos somes devant les autitors L sol.
Item pour laver dras et robes, lisgnes, chascun XV jours XVIII denier.
Item pour bûche et candolle, chascun jor IIII denier.
Item, passer et repasser les dis frères, XVI denier, de asiles de Nostre-Dame de l'altre part de l'eau."

Les Templiers devaient bientôt quitter leur geôle pour marcher au supplice. Le 31 mai 1310, cinquante d'entre eux, appartenant à la province de Sens, étaient brûlés vifs au faubourrg Saint-Antoine. Sur la liste des principaux condamnés figure :
Anrico de Supino, preceptor baillive templi de Coloribus (Coulours).

Enfin en mars 1314, Jacques de Molay, grand Maître et trois autres chefs de l'Ordre, montèrent sur un bûcher élevé dans l'île de la Cité, à peu près à l'endroit où se trouve aujourd'hui la statue d'Henri IV.

Charpente de l'église

Charpente

Charpente

   
Poutres sculptées

Niche

 
Sceau et contre sceau d'André de Coulours - 1219

Les plans de Coulours

Plan de la commanderie

Plan de l'église

Les plans sont de : Maurice Derclaye Architecte à Ougree - Belgique


Libre interprétation de l'intérieur côté église

Interprétation

Interprétation

LE TEMPLE DE TURNY

 

 Ordre de Malte

Le temple de Turny était situé au nord du village, au lieu appelé depuis l'Hôpital; il en dépendait une chapelle, nommée la chapelle de Saint-Laurent, qui se trouvait entre la maison du Temple et le village. C'est ce qui a fait appeler parfois la maison de Turny, la Petite-Commanderie de Saint-Laurent.
Le fief de Turny appartenait aux Templiers, dès le commencement du XIIIe siècle. Il comprenait alors les moulins de Venesi, « Venesi, aujourd'hui Venizy"

Ordre de Malte


qui en formaient le principal revenu. Gérard de Brienne, seigneur de Ramerupt, « dominus de Ramerici », eut plusieurs contestations avec les frères du Temple, au sujet de leurs possessions de Turny. Les prieurs de Sainte-Geneviève et de Saint-Eloi à Paris, choisis pour arbitres, mirent fin à leurs débats par une transaction, laquelle porte la date du mois de juin 1236.

Dans cet acte, le sieur de Brienne abandonna aux Templiers les cinq moulins bannaux de Venizy, situés à Lames, et s'interdit le droit d'en construire d'autres depuis Turny jusqu'à Avrolles, « a Turniaco usque ad Evrolam. » Il leur concéda en outre le droit d'usage dans les bois de Saint-Pierre, pour les réparations de leurs moulins, la faculté d'y prendre chaque jour une charretée de bois, pour les besoins de leur maison de Turny, et aussi le droit d'herbage, de pâturage et de passage dans toute la châtellenie de Venizy, jusqu'à la limite de Burs. Les Templiers devaient, jouir du droit de pêche dans leurs moulins, sans être tenus à aucune réparation des ponts et chaussées, excepté à celle des planches du pont de Belaine et de Borgeel. Quant à la chasse, elle était réservée au comte de Brienne qui, toutefois, ne pouvait chasser dans l'enclos des Templiers; et ceux-ci n'avaient le droit de chasser hors de leur enclos qu'en compagnie du Grand-Prieur de France ou du commandeur de Coulours.

La maison de Turny, incendiée à la fin du XIVe siècle, fut reconstruite en 1460, par un frère de l'Hôpital, Jean du Buissel, alors curé de Turny, qui avait pris à bail les terres de cette maison et le domaine du Luteau, dont il sera parlé ci-après, moyennant un fermage de 16 livres tournois; et en outre à la charge de rebâtir l'hôtel de Turny ainsi que la chapelle qui avait également disparu.

En 1495, la maison fut détruite de nouveau, et depuis ne fut plus reconstruite. Il en dépendait peu de terres, 60 à 70 journaux.
Au Commandeur appartenait le patronage et la collation de la cure de Turny, avec la jouissance des grosses et menues dîmes.
La terre et seigneurie de Turny rapportait, en 1788, 1,950 livres. Il ne restait alors que trois des cinq moulins de Venizy :
le moulin d'en haut, le moulin d'en bas, et le moulin du Luteau.