DE LA PREHISTOIRE A LA FIN DU PREMIER MILLENAIRE

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a) Quelques traces de la préhistoire sur le territoire

Dès la préhistoire, le Nord de la commune déjà couvert de l’épaisse forêt d'Othe, était habité.

Beaucoup de pierre taillées, polies, de pointes de flèches, ont été retrouvées au Fays, au Thurot.... et constituent la preuve que des hommes primitifs ont vécu dans cette région. A ce propos, M. Lucien ROLLAND instituteur, disposait dans les années 1960 d'une riche collection de pièces préhistoriques retrouvées sur le territoire et principalement du côté du Fays et que lui avait apporté ses élèves au cours des années scolaires.

Ces hommes se sont donc fixés en ce lieu pour deux raisons essentielles :

- D'abord pour la richesse en gibier que recelait cette immense contrée boisée,

- Ensuite pour les nombreux silex de ce terrain de craies décalcifiées, constituant l'élément de base à la fabrication de leurs armes.

b) Période gallo-romaine

Pour d'autres raisons, il est certain que les environs du territoire communal de Turny sont habités depuis des origines anciennes, quels qu'aient été d'ailleurs les noms des sites habités.

D'abord, parce que des historiens l'ont vérifié : une carte de l'annuaire de l'Yonne de 1846 montre l'existence d'un chemin principal qui, à l'époque gallo-romaine joignait les villages de Neuvy-Sautour, Turny, Venizy ... jusqu'à Joigny.

Il est très probable que des groupements de huttes et chaumières se soient implantés à proximité de ces vieux chemins, sans toutefois qu’il soit possible d’affirmer que celles-ci aient été construites sur le lieu même où se trouve Turny aujourd'hui.

Ensuite, parce que l'on remarque que la région d'Avrolles était le foyer d'une activité intense au carrefour des grandes voies de communication.

La voie Auxerre-Troyes (Agrippa) passe à l'extrême Sud du territoire de Turny et rejoint Neuvy-Sautour. Il existe donc des probabilités importantes pour que des habitations dans le Sud du territoire communal, proche de ce centre civilisateur "EBUROBRIGA", aient connu la tranquillité, la paix, facteurs favorisant incontestablement les échanges, le troc, le commerce donc la prospérité.

Mais que l’on ne s’y trompe pas. De ce calme relatif, il est aisé d’imaginer la vie de ces villages peu différente de celle des villages gaulois de nos livres d'histoire, c'est-à-dire quelques huttes rudimentaires à l'orée d'une forêt localement défrichée, puisque toute la région était boisée. Des habitants ayant une vie rude, vivant essentiellement de leurs productions agricoles et de leur élevage et commerçant avec les romains d'Avrolles.

Pourtant, le progrès considérable qui fit la grande différence avec les autres régions gauloises de l’hexagone fut l'apparition d'un centre métallurgique qui s'étendait dans tout le Sénonais.

Le Nord du territoire de la commune de Turny devait trouver dans la période gauloise, puis gallo-romaine, sa prospérité dans l'exploitation des mines de fer.

La découverte, ou du moins la mise en valeur dans le Sénonais tout entier, des  buttes de scories provenant d'exploitations fort anciennes de minerai de fer disséminées dans tout le département, ne remonte guère qu'à 1900. Jusque-là, ces énormes amoncellements étaient tenus pour des déchets sans valeur, tout au plus bons à garnir les routes et à combler les fondrières.

Nul ne soupçonnait la richesse qu'ils renfermaient, les découvertes étonnantes que leur mise en exploitation allait mettre au jour sous la pioche des extracteurs.

Venu d'Ouest et d'Egypte, le procédé de la fonte de fer avait été apporté par les grandes voies de trafic commercial, dans les premiers âges du fer, vers 700 avant Jésus-Christ et avait pénétré en Europe par les riches centres sidérurgiques de HALLSTAT et D'ILLYRIE en Autriche.

Sur le Nord de la commune, nombreux sont ces buttes de scories ou buttes de mâchefer témoignant de l'activité de fonderies artisanales gauloises sur le secteur, dont le fonctionnement était facilité par ces immenses forêts abondantes en essences dures et denses.

Les installations primitives comportaient un bas foyer activé par des soufflets en peaux de chèvres. Le chauffage au bois ne donnait qu'une fonte imparfaite du minerai et les armes se faussaient ou se brisaient souvent au combat.

L'industrie du fer avait revêtu une telle importance dans cette région en l’an 52 avant Jésus-Christ que Jules CESAR lui conserva ce monopole quand il prit le pouvoir.

Plus tard, les procédés furent améliorés en substituant, à la cuvette des bas fourneaux et au chauffage rudimentaire donnant une cuisson incomplète, celui du charbon de bois avec des neutralisants et des fondants divers.

Ces scories étaient utilisées pour renforcer les grandes voies de silex gauloises.

L'histoire révèle qu’après l'invasion germanique et la chute de l'Empire Romain resurgissent les huttes de la gaule primitive.

Tout au long des siècles qui vont suivre, l'extraction du minerai se poursuit sous la tutelle de la Noblesse et du Clergé pour lesquels elle est un des meilleurs revenus.

Des droits d'usage, des privilèges plus ou moins restrictifs s'instaurent. Maistre des mines, Maistre des forges, Maistre des fourneaux, etc ....

A partir du XVème siècle, les Maistres de cette corporation ne sont plus que des industriels.

Aucun document du premier millénaire permettant de retracer une quelconque histoire de Turny et de son territoire communal actuel, n'a pu traverser les siècles.

En revanche, quelques vestiges éclairent sur cette période et vont permettre d'imaginer comment était le bourg de Turny à la fin de ce premier millénaire.

c) Deux théories sur l'origine du nom « Turny »

1) Théorie étymologique selon Bénony DURANTON

Selon Bénony DURANTON, la prononciation, l'orthographe varient au cours des siècles.

TURNEIUM, TURNI, TURNIACUM, TORNI, TURNY (Annuaire de le Yonne année 1854 - P. 392 et 393.)..).

Quant à l'origine du nom "TURNY", Monsieur DURANTON en donne l'explication suivante.

« L'étude du nom celtique TURNIACUM nous montre que le dérivé du latin "Acutus" s'employait pour désigner le pignon, la pointe d’une habitation et, par extension, l'habitation même.  

Précisons qu'il y a dix siècles, on ignorait dans nos campagnes couvertes de forêts, l'art de construire des maisons en briques. Les habitations étaient des huttes terminées en pointe.

- (i), (ia) indique la présence d'eau

- (um) est la finale invariable des romains

- (tur) dérivé du latin (turris), signifie mont, élévation.

Turny semble donc désigner une maison et plus tard un village qu'avoisinent un mont et un ruisseau.

Double condition largement remplie par Turny situé près du Mont Champlain et de la Brumance ».

Sans vouloir réellement remettre en cause cette explication brillante et poétique de Bénony DURANTON, il est apparu toutefois difficile de refaire la même démonstration étymologique avec le Larousse thématique disponible en cette fin du XXème siècle.

2) Théorie historique et étymologique de P. MOREAU

Au cours des recherches effectuées à partir de la signification étymologique du mot "Turny" et des lieux-dits de la commune, une autre explication sur l'origine du nom de ce village mérite d'être présentée. Celle-ci est fondée sur trois observations objectives.

D'abord :D'abord :

TURN signifie "Tour" (Nouveau Dictionnaire Etymologique Larousse Edit.1971 - P.773)

"Y", du latin "hic" signifiant "ici" (Nouveau Dictionnaire Etymologique Larousse Edit.1971 - P.803) était employé au IXème et Xème siècles.

Dans son ouvrage, "Le Patois de l'Yonne", J. PUISSANT(Le Patois de l'Yonne J. PUISSANT 3ème édition 1990 - P.58) explique que ce "y" est la contraction du suffixe "IACUS" qui exprime l'idée de possession que l'on pourrait traduire par :"domaine de..."

Cette première indication démontre que Turny doit son nom à une tour. Littéralement Turny signifie (Tour ici) ou (domaine de la tour) .

Ensuite :

Personne ne peut le contester il existe encore, en cette fin du XXème siècle, des fossés qui ceinturent Turny, vestiges de la période féodale.

Une vue aérienne du village en expose parfaitement la forme circulaire (Voir Photographie aérienne ).

Enfin :

L'étude des lieux-dits, autour du bourg, nous enseigne qu'il existe un endroit appelé "La grande Motte"(Voir carte des lieux-dits – (G1O/VIII)).(Voir carte des lieux-dits – (G1O/VIII)).(G1O/VIII)).

Sur le terrain, on note l'existence d'un dénivelé entre le chemin de ronde et ce lieu- dit. Ce dénivelé existe seulement à cet endroit précis, et témoigne que la motte n’a pas été arasée jusqu'au niveau du chemin.

Le Grand Larousse Universel décrit "une motte" comme étant une fortification en terre-plein, surélevée, circulaire, parfois entourée d'un fossé établi à l'époque du Haut Moyen-Age pour porter les premiers châteaux forts en bois.

Dans son livre, Seigneurie et Moyen âge, Guy FOURQUIN (Seigneurie et Féodalité P.U.F. Coll. Sup.) explique que ce mot "motte", à partir des années 900 – 950, désigne des forteresses destinées à surveiller le pays alentour contre tout fauteur de désordre. C'est à l'époque un nouveau type de fortification.

Il s'agissait à l'origine d'une enceinte, simple palissade de bois au début, protégée par une motte , c'est-à-dire une montagne de terre rapportée, une levée de terre dans le but de protéger les enceintes d'un château à la palissade de bois.

Tout autour, étaient creusés des fossés. A l'intérieur, au point le plus facile à défendre, était élevée une tour nommée plus tard donjon, qui a souvent donné son nom à l'ensemble (Turris = Tour), mais aussi forteresse, château.

Pour conclure, de nombreux indices semblent conforter cette théorie. "Turny" , à l'origine "Turris", désignait le lieu où se trouvait une tour située sur une motte féodale.

Plus tard, au Xème siècle le mot Tour devait se traduire par "Turn", nom ayant une origine alémanique auquel était ajouté "y", terminaison employée d'ailleurs pour la plupart des noms des communes des environs (Sormery, Neuvy, Venizy, Germigny, Vergigny, Chailley .... ) et qui signifie étymologiquement "ici" ou "domaine de...".

Cette nouvelle explication de l'origine du nom Turny présente deux atouts.

- D'abord , plus simple quant à l'explication de la racine latine de Turny qui est, selon toute vraisemblance et comme l'admet d'ailleurs Bénony DURANTON, le terme de "TURRIS"(Annuaire de l'Yonne - année 1854 - P.393),

Mais aussi plus cohérente, puisqu'elle est fondée sur la base même de la signification historique du terme "Turris" et à partir de vestiges.

d) Un gentilé pour les habitants de Turny.

Au regard du paragraphe précédent et en raison de l'origine historique de leur bourg, les habitants de Turny sont donc les "habitants du domaine de la tour", ou encore "les habitants du Turris"  

il a été proposé pour la première fois en l'an 2000, lors de la parution de la première édition du livre sur la commune de Turny de P. MOREAU,  les gentilés  "TURROIS et TURROISES" pour désigner les habitants et les habitantes de Turny. Les habitants se sont immédiatement emparés de ceux-ci, lesquels sont trés largement usités 20 ans plus tard. Ils font aujourd'hui l'unanimité.

Ce gentilé a été construit à partir des mots (Turris=Tour) et du suffixe "ois" signifiant étymologiquement « originaire de.. ».

"Un Turrois" est donc par définition « une personne originaire du domaine de la tour » En d'autres termes, un TURROIS est un habitant de Turny.

Par extension, il est admis aujourd'hui par la population, que l'ensemble les habitants de la circonscription communale de Turny sont des "Turrois." 

Si le changement de nom d'une commune obéit à une procédure codifiée à l'article L. 2111-1 du CGCT, en revanche, rien de tel pour la détermination de son gentilé. Seuls prévalent l'histoire, l'usage ou l'initiative des élus.   De manière générale, l''existence d'un gentilé ne peut être attestée que par l'enracinement dans la pratique langagière. C'est avant tout l'usage qui prime Cet enracinement du gentilé "Turrois"  est constaté en 2020. Mais il n'est pas interdit à l'assemblée délibérante d'acter celui-ci par délibération ce qui lui donnerait encore davantage de légitimité.

Mais continuons de nous amuser des particularismes nés des noms des hameaux de Turny. Il est possible de composer, à partir de l'historique de ceux ci, un gentilé  approprié à leur identité et à leurs spécificités, ainsi :

Les habitants du Fays seraient des "FAYARDOIS" Les habitants du Fays seraient des "FAYARDOIS" car originaires du lieu où se trouvent des hêtres.

Les habitants de Linant se nommeraient des "LINUNOIS"  du latin linum (lin) parce qu’originaires du lieu où est cultivé le lin. parce qu’originaires du lieu où est cultivé le lin.

Les habitants de L'hopital s’appelleraient des "HOSPITALOIS" Les habitants de L'hopital s’appelleraient des "HOSPITALOIS" car originaires de L'hospital (créé par les Frères hospitaliers).

Les habitants des Varennes seraient simplement des "VARENNOIS", c'est-à-dire originaires du lieu-dit où coule un petit ruisseau

Les habitant des Maraults se dénommeraient des "MAURISCUSOIS puisqu’originaires d’un lieu de marais


e) Turny à la fin du premier millénaire

Historiquement, l'origine des mottes féodales peut être située à la fin du premier millénaire, donc l'origine du Turris et de sa basse cour à cette même date également.

Turny n'était pas alors un village, mais un lieu fortifié où vivait un Seigneur avec ses gens qui le servaient et guerroyaient.

Mais deux questions se posent :

- Pourquoi une motte féodale a-t-elle était construite à cet endroit ?

- Avant la construction de cette motte féodale et du Turris, existait-il des habitations à cet emplacement?

L’ensemble de chaumières qui pouvait exister, si l'on en croit la carte des plus vieux chemins publiée dans l'annuaire de l'Yonne en 1846, devait avoir logiquement une autre appellation ignorée à ce jour.

Mais l'existence d'un chemin passant par Turny et datant de plus de deux mille ans ne constitue pas une preuve certaine de la présence d'habitations sur ce lieu précis.

Cette période du pré-Turris reste à découvrir......

Au début du XIIème siècle, les Templiers avaient pris possession du village fortifié et y vivaient en communauté à proximité de leurs frères du Luteau , de Sainte Catherine, et de Saint Laurent, sous la Commanderie de Coulours (1). Les fortifications se renforceront au cours des siècles, la pierre remplacera le bois...

Ci dessous, les installations primitives comportaient un bas foyer activé par des soufflets de chèvres. Le chauffage au bois ne réalisait qu'une fonte imparfaite du minerai et les armes se faussaient ou se brisaient souvent au combat.

(Photos : archéodrome de Beaune -1985)

Les trois photos ci dessous montrent que Turny présente toutes les caractéristiques d'une ancienne Motte Féodale

"Turny" , à l'origine "Turris" désignait le lieu où se trouvait une tour qui était située sur une motte féodale. Plus tard, au Xème siècle le mot Tour devait se traduire par "Turn" nom ayant une origine alémanique auquel était ajouté "y", ce qui signifie étymologiquement "ici" ou "domaine de..."

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pour obtenir plus de détails cliquez sur la carte ci dessus

Turny 2 vues aériennes (ci dessous)

 

Village de Turny (ex-motte féodale) imaginé tel qu’il pouvait être au Moyen-Age

(Dessin Monique MOREAU)

Cette porte n'est  pas contrairement à ce qui se dit dans le village une ex entrée du village fortifié. En effet une  trés ancienne carte   prés révolutionnaire montre qu'il n'existait aucun pont  pour cette ferme dans les années 1750.

 

Ci dessous : L’une des plus anciennes, voire la plus ancienne, des bâtisses de Turny

 

 

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